APPI, devenu aujourd’hui Bestico est un programme de Biorégulation des mouches. Simple, efficace et économique, cette gamme de produits s’adresse à tous les éleveurs, qu’ils soient en agriculture biologique comme Virginie Sablé (56), ou en conventionnel comme Arnaud Abgrall (29).
S’il est bien un sujet commun à l’ensemble des productions et des modèles agricoles, ce sont les mouches !
Ces petites bêtes ailées agacent les animaux et leurs éleveurs et peuvent être source de nuisances pour le voisinage.
Virginie Sablé, qui élève 50 normandes en Bio à Sérent dans le Morbihan et Arnaud Abgrall, qui élève avec son père 120 Prim’Holstein et des porcs (3 500 places d’engraissement et 1 500 places en post-sevrage), à Lampol-Guimiliau dans le Finistère, ont décidé de limiter leur prolifération. Tous deux ont adopté depuis trois ans un protocole Appi de lutte intégrée, efficace et naturel, dont ils sont satisfaits.
Maîtriser le développement des mouches
Le protocole Appi comporte trois auxiliaires biologiques. Le Terrappi est un mélange d’acariens se nourrissant des œufs de mouches. Il doit être relâché dans les fosses au printemps, « une fois la fosse vidée, après les épandages du lisier sur mes prairies », témoigne Virginie. L’Appiwasp est un lot de mini-guêpes inoffensives pour les animaux et l’environnement, qui ont la particularité de pondre dans les pulpes (=cocons) des mouches.
« On les dépose dans la paille, le long des murs ou près des abreuvoirs, dans des zones peu piétinées, car le piétinement entraine naturellement la mort des larves », explique l’éleveuse. De plus, « quand on vide les cases, les mini-guêpes restent dans le fumier, continuant donc leur travail dans le tas de fumier », ajoute Arnaud.
L’Appifly, quant à lui, est composé de mouches prédatrices qui craignent la lumière. Lorsqu’elles sont relâchées à proximité de la fosse ou sous les caillebotis, elles s’y cachent pour pondre leurs œufs. Leurs larves sont très agressives envers celles des autres espèces de mouches. L’utilisation de ces trois auxiliaires permet d’intervenir sur les trois stades larvaires de la mouche réduisant ainsi drastiquement son développement.
Un programme sur l’année
« Pour optimiser l’efficacité de la méthode, un programme d’action est établi en début d’année avec l’appui des techniciens d’Eureden, qui se déplacent sur les lieux, et d’un technicien APPI», expose Christian Cann, technicien Eureden.
Ce programme doit prendre en compte les spécificités de l’élevage : les différents bâtiments, les stades des animaux et leur alimentation.
« Les déjections des veaux sont par exemple, plus riches en protéine, les mouches s’y développent davantage » explique Arnaud.
Le protocole démarre en mars, lors du démarrage des pontes des mouches et se termine vers octobre, selon le temps. Outre le Terrappi (acariens) qui nécessite une seule application, les produits sont ensemencés généralement une fois par mois.
« Quand nous recevons un SMS du transporteur, nous nous préparons pour installer les boites. C’est du vivant, il faut donc ne pas traîner. L’été par exemple, les mouches (Appifly) sortent de leur état larvaire dans la demi-journée », illustre Arnaud.
Plus d’économie et de biodiversité
Cette méthode de biocontrôle des populations de mouches se révèle très efficace sur les deux exploitations.
« Les vaches sont beaucoup moins embêtées par les mouches, ce qui est plus sécurisant pour nous lorsque nous les manipulons », explique Virginie.
« Elles ne se débranchent plus du robot », observe Arnaud.
Satisfait de ces résultats, il a par ailleurs décidé il y a un an, de transposer cette formule à son élevage de porc :
« c’était parfois l’invasion, surtout en engraissement, maintenant il n’y en a plus une seule ».
Ce sont aussi des raisons économiques qui ont poussé ce dernier à passer le pas.
« Le prix de l’insecticide était trop élevé et ne tuait que les mouches adultes : on l’appliquait sur le dos des vaches, le lendemain il n’y avait plus de mouches certes, mais quelques jours plus tard ça recommençait. Avec le programme Bestico, les résultats sont là et cela se révèle deux fois moins onéreux que l’insecticide chimique », explique l’éleveur.
Enfin, c’est aussi leur sensibilité à la biodiversité qui rassemble ces deux éleveurs.
« On favorise ainsi la biodiversité en préservant d’autres auxiliaires comme les vers à queue. Ils sont très utiles, ceux sont des pollinisateurs, il y en a énormément dans la fosse », concluent Virginie et Arnaud.